« Mandiargues l'oublié | Accueil | Klaus Mann, le fils, l'esthète, le soldat »

Commentaires

Flux Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.

ororea

"Il est mort de solitude comme tout le monde."
La complainte du clochard (pour changer de registre)

Je mange seul, je fais la manche seul, je joue de la guitare seul, je fais la queue seul aux restos du coeur. Je ne parle à personne. Ma tête devient de plus en plus vide. Hier quelqu'un est venu me faire la conversation et je n'ai pas réussi à lui parler, j'ai perdu l'habitude de communiquer. Il a écouté mon silence. Ce sont peut-être ces années à prendre de l'haldol qui m'ont détruit le cerveau. j'ai l'impression ue j'atteins souvent l'ataraxie, l'absence de tout souci. Je ne pense à rien, je suis bien, zen. Mais l'enfer c'est quand quelqu'un vient me parler, je ne trouve plus les mots, je suis handicapé du langage. Quand c'est une femme, n'en parlons pas, je suis paralysé et le mutisme atteint sa plus haute expression. Je lis peu, ça aggrave les choses, je pense; et puis l'alcool ça n'aide pas, ça et l'haldol. Je devrais délirer mais non, rien, je suis sec, je ne suis que blocage. On me croit timide ou fier, snob. Heureusement que j'ai ma pancarte pour remercier les gens. Je ne saurais leur exprimer oralement ma reconnaissance. Dejà petit avec mes parents on ne parlait pas, on écoutait la radio en silence. J'étais nul à l'oral, en classe, je brillais à l'écrit. Je suis incapable de penser si je n'ai pas un stylo dans les mains. Je vis seul depuis mes dix sept ans et je crois que la partie du cerveau qui sert à parler s'est complètement atrophiée. Si je ne l'étais déjà, ce serait à devenir fou.

Anthropia

I’ve always known,
since I was a young boy,
in this world everything's as good as bad
Now my father told me : "always speak a true word"
And I have to say that is the best advice I’ve had.
Because something burns inside of me,
It’s every thing I long to be
And lies : they only stop me from feeling free

like a hobo from my broken home nothing's gonna stop me,
Like a hobo from my broken home nothing's gonna stop me

C. Winston


http://anthropia.blogg.org

Frédéric Ferney

Ororea,
Merci pour "la complainte du clochard". Oui, il y a de ça, chez Truman Capote. Comme s'il demeurait une énigme, je ne sais quoi d'infantile et douloureux.
F.F.

Anne B

On se demande pourquoi, le pouvoir des mots, qui comme un exutoire, permet à l'écrivain de vivre à travers eux, puisse soudain, harcelé, par les fougues, fulgurances, fragilités, faiblesses, laisser chuter son créateur au fond d'un puits sans lumière ?
Son "grand livre" "de Sang Froid", auquel Truman Capote a consacré plusieurs années de sa vie, n'est-il pas, (si l'on ajoute,les maux physiques, abus et excès divers), responsable de son ascension et sa terrifiante dégringolade ?
Tel un cri de désespoir,le besoin de s'exprimer, ce besoin qui vide littéralement le corps et l'esprit, et qui ne peut que se résoudre dans l'écriture (ou la pratique artistique), échapperait-il à la création littéraire ? L'essentiel disparaît, et l'essentiel c'est le drame même de cette création qui se jouait depuis des années. Vie ? Vie littéraire ? L'une d'un côté, l'une de l'autre ?

Je pense à Pierre Guyotat (désolée je m'égare toujours un peu) :

"Mais l'oeuvre est là, sous mes doigts, des voix qu'il faut que je libère de mes entrailles."

P.S : N'est-ce pas lors d'une émission du Bateau Livre, Frédéric, reprenez-moi si je me trompe,
vous demandiez à P. Guyotat s'il devait sa vie à la littérature, et il vous a répondu "Non c'est le SAMU."

ororea

Wéééééééééééééééééééééééééé! FF a aimé un de mes textes, c'était un de mes rêves. Je peux mourir tranquille. Les FF faut pas les faire rire, faut les émouvoir...Mais bon désolée, moi ma pente naturelle, c'est l'humour celte, même s'il y a un peu de moi dans l'histoire du clochard...Et sinon, mon ô bats moi, Obama, d'hier, ça vous fait pas rire, hein?
ororea (fishing for compliments, éhontément)

ororea

Et sinon, pardonnez mon esprit de l'escalier, avant de mourir, on pourrait pas /censuré, censuré, censuré, censuré, censuré, censuré/ et aussi éventuellent /censuré, censuré,censuré, censuré/? On le dira pas à mon psy...

ororea

Un débat sur la littérature et le web, avec des copains de FF (Abiker, Naulleau, entre autres):

http://www.dailymotion.com/video/x8o35v_parlons-net-avec-naulleau-solal-le_news

Anne Burroni

Vous citez "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Harper Lee, roman poignant, remarquable, de ceux dans lesquels on pénètre presque inconsciemment... et dont Truman Capote s'est targué d'être le véritable auteur ! Sachant, comme vous le rappelez, que Harper Lee était sa meilleure amie...
Provocateur dites-vous, à tout le moins un qualificatif fort poli !
Je n'ai encore jamais lu Truman Capote, mais "Prières exaucées" qui est en attente dans mes "réserves" me semble tout indiqué pour aborder le "personnage" que vous nous décrivez.

Frédéric Ferney

Anne B.,
Oui, vous avez bonne mémoire. "Sacré" Guyotat! Voilà quelqu'un qui hisse la littérature jusqu'à la sainteté.
Quant à Truman Capote, "De sang froid" a sans doute été en effet son salut et sa perte.
F.F.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.

Frédéric Ferney

  • Agrégé d'anglais, il a d'abord enseigné à Rome, avant de diriger les pages culturelles du Nouvel Observateur. Par la suite, il a créé et animé une émission littéraire le dimanche sur France 5, intitulée d'abord Droits d'auteur, puis rebaptisée Le Bateau livre, à bord de la péniche L’escale. Il est actuellement critique au Point.

Les amis du Bateau Libre

  •   Depot inpi

    Adhérez à l’association

    « Les Amis du Bateau Libre »

    C/o Catherine VIAL 2 rue Oscar ROTY 75015 Paris

    [email protected]

Blog powered by Typepad